Les Kurdes solidaires de la France

mis à jour le Mardi 3 novembre 2020 à 17h47

Dans un Proche-Orient où, à l’instigation du président turc, des manifestations anti-françaises se multiplient, les Kurdes toutes tendances politiques confondues, expriment publiquement leur solidarité avec la France. 

Au Kurdistan irakien une délégation du Parlement s’est rendue au Consulat général de France pour exprimer leur soutien à la France et souligner l’importance et la solidité des liens qui unissent les peuples français et kurde dont l’amitié est basée sur des valeurs démocratiques universelles et le respect des droits de l’homme. 

Au Rojava, Mazloum Kobani, commandant en chef des Forces syriennes libres qui ont courageusement combattu et vaincu l’ennemi commun Daech, a condamné fermement les attentats terroristes perpétrés sur le sol français par des fanatiques islamistes, dénoncé l’instrumentalisation de la religion par Tayep Erdogan et assuré la France, pays allié dans la lutte contre le djihadisme, de tout son soutien. 

Les principaux partis kurdes d’Iran ont également condamné les attentats perpétrés en France, dénoncé l’instrumentalisation et la politisation de l’islam par les régimes iranien et turc et exprimé leur solidarité avec le peuple français. 

En Turquie, dans un contexte politique très difficile en raison de la surveillance et de la répression systématique de l’opposition, le principal parti pro-kurde HDP, Parti démocratique du peuple, a publiquement condamné les attentats et dénoncé l’instrumentalisation de la religion par le président turc. Il a refusé de se joindre à « l’union sacrée » décrétée par Erdogan contre la France, union qui regroupe outre la coalition au pouvoir d’AKP et de MHP (extrême droite ultranationaliste), le parti kemaliste du « centre gauche » CHP et son allié IYI issu d’une scission MHP. 

Tous les autres partis kurdes de Turquie ont aussi exprimé leur solidarité avec la France. 

Le parti pro-kurde HDP a également refusé « l’union nationale » pour soutenir « le peuple frère d’Azerbaïdjan dans sa guerre de libération du Haut-Karabakh ».  Ce parti qui est le seul à compter dans ses rangs des députés chrétiens, dont l’Arménien Garo Paylan, se prononce pour un règlement négocié et pacifique du conflit azéro-arménien. Il rappelle que le régime turc, qui demande le respect de l’intégrité  territoriale de l’Azerbaïdjan, occupe depuis 1974 une large partie de Chypre et revendique une solution à deux Etats à Chypre au mépris de l’intégrité territoriale de l’Etat chypriote, membre de l’Union Européenne. 

Les déclarations des dirigeants de HDP leur valent des poursuites judiciaires incessantes et des condamnations lourdes.  L’ex-président de ce parti, Selahettin Demirtas, et plusieurs milliers de ses militants élus sont embastillés pour délit d’opinion.  Sur les 65 maires kurdes élus lors des élections municipales de mars 2019, 52 ont été destitués et remplacés par des fonctionnaires nommés par Ankara. 

Telle est la « démocratie » de cette Turquie membre de l’OTAN, qui se veut l’alliance des démocraties libérales, et officiellement toujours candidate à l’Union européenne mais qui dans les faits dérive de plus en plus vers une république islamique sunnite.