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Un suspect mis en examen pour l'assassinat des trois Kurdes à Paris


Lundi 21 janvier 2013 à 18h54

PARIS, 21 jan 2013 (AFP) — La piste d'un règlement de comptes interne au PKK semble se dessiner dans l'affaire de l'assassinat à Paris des trois militantes kurdes, après la mise en examen lundi du chauffeur d'une des victimes se disant membre de l'organisation armée.

Mais les enquêteurs, qui recherchent d'éventuelles complicités dans ce crime, doivent encore déterminer le mobile de ce triple meurtre qui a suscité une vive émotion à l'heure où Ankara et les rebelles kurdes du PKK sont engagés dans des discussions de paix.

Les corps des trois femmes avaient été retrouvés avec plusieurs balles dans la tête, tirées de la même arme, dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan (CIK), dans le nord de la capitale, dans la nuit du 9 au 10 janvier.

Arrêté jeudi, Omer Guney, un Turc de 30 ans qui dit appartenir depuis deux ans au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie) a été mis en examen lundi à l'issue de sa garde à vue pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "participation à une association de malfaiteurs". Le parquet a requis son placement en détention provisoire.

"L'individu est susceptible d'être le ou l'un des auteurs des faits", a indiqué le procureur de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

Parmi les trois victimes figurait Sakine Cansiz, 55 ans, considérée comme proche du chef emprisonné de la rébellion, Abdullah Öcalan, qui mène une lutte armée contre l'armée turque depuis 1984 pour obtenir l'autonomie du sud-est du pays peuplé majoritairement de Kurdes. Les deux autres victimes étaient Fidan Dogan et Leyla Soylemez.

Plusieurs éléments ont, semble-t-il, convaincu les enquêteurs de son implication dans ces exécutions, alors qu'un second homme interpellé le même jour et résidant lui aussi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a été relâché.

Omer Guney avait été selon M. Molins désigné par le PKK comme le chauffeur et l'accompagnateur à Paris de Sakine Cansiz.

Emploi du temps

Il a selon M. Molins reconnu dans ses premières déclarations avoir accompagné Sakine Cansiz sur le lieu du crime le 9 janvier, mais affirmé avoir quitté les lieux vers 11H30.

Cette version a cependant été démentie par l'exploitation des images de vidéosurveillance récupérées à proximité, qui ont montré que Mme Cansiz était entrée dans le local du CIK le 9 janvier à 11H29 avec son chauffeur, mais que ce dernier en était resorti seul à 12H56.

"La confrontation de la détermination de l'heure du triple assassinat et de l'emploi du temps d'Omer Guney constitue un élément capital", a déclaré M. Molins, qui a précisé que le créneau horaire estimé de la mort des trois femmes était "le même que celui de la présence d'Omer Guney".

Autre élément à charge pour les enquêteurs, des résidus de poudre dans une sacoche découverte dans le véhicule utilisé par M. Guney le 9 janvier, sacoche semblable à celle que portait le suspect sur les images de vidéosurveillance.

Le procureur a cependant relevé qu'une empreinte génétique partielle découverte sur une douille n'était pas celle du suspect, ce qui ne suffit pas selon lui à le disculper.

"Toutes les pistes restent ouvertes en ce qui concerne le motif de ce triple assassinat", a déclaré M. Molins.

Auparavant, une source proche du dossier interrogée par l'AFP, tout en appelant à la prudence, avait estimé qu'on "s'oriente a priori vers un règlement de comptes interne".

Les rebelles du PKK avaient averti qu'ils tiendraient l'Etat français pour "responsable" s'il n'élucidait pas immédiatement "cette tuerie".

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et un bon nombre de pays, mais Ankara s'est engagé depuis décembre dans des pourparlers de paix avec les rebelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.