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Un Kurde détourne un ferry turc avec une fausse bombe avant d'être tué


Samedi 12 novembre 2011 à 09h55

ISTANBUL, 12 nov 2011 (AFP) — Un militant kurde a détourné durant plus de 12 heures un ferry turc transportant 24 personnes, dans la Mer de Marmara, en faisant croire qu'il transportait une bombe avant d'être tué samedi lors d'une opération des forces de sécurité.

Des commandos ont pris d'assaut le ferry à l'aube et abattu le preneur d'otages, ont affirmé les médias et des otages.

"Nous avons vu les commandos (monter sur le navire), tout était fini en 10 minutes. Nous ne les avons pas vu (tirer) mais nous avons d'abord entendu trois coups de feu, puis trois autres", a déclaré Ceyhun Tezel, un des otages, à la chaîne d'information NTV.

"Nous avons prié et remercié dieu d'être encore en vie", a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité "nous ont contactés par téléphone. Un de nous a ouvert la porte (du navire) et ils (les commandos) sont entrés. Nous sommes restés silencieux. Ils étaient une quinzaine", a relaté un autre otage, un homme âgé, sur NTV.

Le pirate, un homme âgé de 28 à 30 ans, était un "membre de l'organisation terroriste", a déclaré le gouverneur d'Istanbul, Huseyin Avni Mutlu, utilisant la terminologie officielle turque pour désigner les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Peu après le début d'une opération (de sécurité), le pirate a trouvé la mort", a affirmé M. Mutlu à la télévision privée NTV.

L'homme ne transportait pas d'explosif, comme initialement annoncé, mais un simulacre de bombe, a indiqué Ercan Topaca, le gouverneur de Kocaeli, la province d'où était parti le ferry.

"Aucune bombe n'a été découverte sur le preneur d'otages du ferry. On a trouvé sur le cadavre un dispositif fait de cables et d'une bouteille ressemblant à une bombe", a déclaré M. Topaca à l'agence de presse Anatolie, ajoutant qu'un possible comparse du pirate avait été arrêté à Izmit.

M. Mutlu avait auparavant affirmé qu'un engin avait été trouvé sur le pirate, mais que l'enquête devait déterminer s'il s'agissait d'une bombe.

Le ferry Kartepe, un catamaran rapide affecté au transport de passagers entre Izmit et Gölcük (province de Kocaeli), deux villes du nord-est de la mer de Marmara, a été détourné vers 16H00 GMT vendredi. Dans un premier temps il avait été fait mention d'un groupe de quatre à cinq assaillants.

Le navire, transportant 18 passagers, quatres membres d'équipage et deux stagiaires, s'est déplacé au fil des heures dans la mer de Marmara, avant d'atteindre Silivri, une lointaine banlieue d'Istanbul, sur sa rive européenne.

Là, le bateau a fait des cercles en mer jusqu'à ne plus avoir de carburant, selon le site internet du quotidien Hürriyet.

"Nous aurions dû arriver à destination en 20 minutes. C'est quand nous avons constaté que le bateau prenait du retard et se dirigeait dans une autre direction que nous avons compris que nous avions été pris en otage", a témoigné M. Tezel, soulignant que les passagers n'avaient pas vu le pirate.

Tous les otages sont sains et saufs, a annoncé le gouverneur d'Istanbul, tandis que les chaînes de télévision diffusaient des images de passagers en cours d'évacuation. Les otages ont été emmenés au commissariat pour être interrogés, ont rapporté les médias.

Plusieurs médias turcs ont émis l'hypothèse que le pirate avait l'intention de détourner le navire vers l'île-prison d'Imrali, dans la mer de Marmara, où est emprisonné à vie le chef du PKK Abdullah Öcalan.

La tension autour de la question des Kurdes, une communauté de 12 à 15 millions de personnes sur une population totale de 73 millions, a nettement augmenté ces derniers mois en Turquie.

Attentats, attaques contre la police ou l'armée, opérations militaires et arrestations en nombre de sympathisants du PKK se succèdent.

L'armée turque a ainsi lancé fin octobre une vaste offensive dans l'est du pays et en Irak du nord, où se replient les rebelles du PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.