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Turquie: des agents secrets inquiétés après des contacts avec le PKK


Vendredi 10 février 2012 à 17h45

ANKARA, 10 fév 2012 (AFP) — Un procureur d'Istanbul a délivré un mandat d'arrêt contre quatre responsables ou anciens responsables des services du renseignement turc (MIT), qui avaient refusé d'être interrogés sur des contacts avec les rebelles kurdes, a annoncé vendredi l'agence de presse Anatolie.

Il s'agit de l'ancien chef du MIT Emre Taner, d'un ancien haut responsable, Afet Gunes, et de deux fonctionnaires en activité de cet organisme, selon Anatolie.

Le même procureur d'Istanbul a demandé à un de ses homologues à Ankara d'entendre l'actuel chef du MIT, Hakan Fidan, dans le cadre de la même affaire.

M. Fidan, et MM Taner et Gunes, devaient être interrogés jeudi.

Mais le MIT a adressé au procureur d'Istanbul un communiqué expliquant que selon les règlements en vigueur, l'autorisation du Premier ministre était requise pour toute demande d'enquête concernant les services du renseignement, a rapporté la télévision privée NTV.

M. Fidan, qui a été nommé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avait eu des contacts secrets avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en 2010, à Oslo.

Des extraits de ces discussions avaient été publiés dans la presse, provoquant la colère de l'opposition, qui avait accusé le gouvernement d'abandonner la position officielle d'absence de contacts avec le PKK.

Ces discussions n'avaient pas apporté de résultat, et les affrontements armés entre le PKK et les forces turques ont depuis lors redoublé d'intensité.

Plusieurs responsables turcs ont affirmé que les agents du MIT ne devaient pas être inquiétés par la justice puisqu'ils ont engagé ces contacts à la demande du gouvernement.

"Tous ces développements sont vraiment malheureux et perturbants", a jugé vendredi le président de la République Abdullah Gül, qui avait rencontré la veille M. Fidan.

"Le MIT a assumé ses responsabilités dans le cadre de la loi" a pour sa part déclaré à la télévision NTV le ministre de la Défense, Ismet Yilmaz.

Les médias turcs ont expliqué que les responsables du MIT ont été convoqués par la justice parce qu'ils avaient essayé de trouver un accord avec les rebelles du PKK.

Le PKK, qui est considéré comme un mouvement terroriste par la Turquie et de nombreux pays, a pris les armes en 1984 pour défendre les droits des 15 millions de Kurdes de Turquie, sur une population de 73 millions.

Le conflit a fait au moins 45.000 morts, selon l'armée turque, et nombre d'observateurs affirment qu'il ne sera pas mis fin au conflit kurde uniquement par l'action militaire, et que des négociations politiques devront s'engager.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.