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Syrie: l'ombre d'Afrine plane sur les célébrations du nouvel an kurde


Mercredi 21 mars 2018 à 15h56

Qamichli (Syrie), 21 mars 2018 (AFP) — Des milliers de Syriens se sont rassemblés mercredi à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, à l'occasion du nouvel an kurde (Norouz) terni par la récente perte de l'enclave kurde d'Afrine au profit des forces turques.

A la faveur d'une offensive de près de deux mois contre une milice kurde qu'elle considère "terroriste", la Turquie a pris le contrôle dimanche de l'ensemble de l'enclave d'Afrine en évinçant les forces kurdes de son chef-lieu.

Si le coeur n'est pas à la fête dans la région, des milliers de Kurdes vêtus d'habits traditionnels aux couleurs chatoyantes se sont malgré tout rassemblés à Qamichli, sans oublier leurs frères d'Afrine.

Dans cette ville située à près de 500 km à l'est d'Afrine, des feux de bois ont été traditionnellement allumés pour annoncer l'arrivée du printemps.

"La résistance à Afrine deviendra le Norouz des peuples" ou encore "Avec l'esprit de Norouz (...) nous vaincrons à Afrine", pouvait-on lire sur des pancartes.

Sur une estrade non loin, trônent des portraits de combattants des Unités de protection du peuple (YPG) tués pendant les combats.

"Norouz cette année est différent des années précédentes à cause d'Afrine, nous sommes tristes", confie à l'AFP Abdelmoneim Mohamed.

"Mais nous n'arrêterons pas les célébrations", assure l'homme de 42 ans, sa fille dans les bras.

"Cette année nous bénissons Norouz avec tristesse et nos coeurs sont à Afrine", affirme pour sa part Ilaf Hassan, 21 ans, un foulard vert autour de la tête.

Plus loin, un groupe de femmes ont formé une ronde et dansent en rythme en tenant l'auriculaire de leur voisine, a constaté un photographe de l'AFP.

La perte d'Afrine a une portée symbolique pour les Kurdes car la région a été le laboratoire de leur émancipation. C'est le premier secteur où les Kurdes de Syrie ont installé en 2012 une administration semi-autonome, avec l'introduction à l'école de leur langue, longtemps bannie, et la création de leurs propres forces de sécurité.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.