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PKK : Ankara hausse le ton avant de discuter avec une délégation irakienne


Jeudi 25 octobre 2007 à 21h36

ANKARA, 25 oct 2007 (AFP) — La Turquie a fustigé jeudi les appels à la retenue américains et averti qu'elle était déterminée à chasser du nord de l'Irak les séparatistes kurdes turcs qui y sont repliés, avant de repousser à vendredi des entretiens avec une délégation venue de Bagdad.

En visite à Bucarest, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué les appels à la modération de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice après une attaque sanglante des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opèrent depuis le territoire irakien.

"Bien sûr qu'elle (Mme Rice) peut souhaiter que la Turquie n'organise pas d'opération en dehors de ses frontières mais la décision sur la nécessité d'une telle intervention nous appartient", a déclaré M. Erdogan.

"Est-ce que les gens ne se demandent pas ce que les Américains sont venus chercher en Irak, à 10.000 km de chez eux, a-t-il dit. Moi je suis dérangé (par le PKK). En quoi les Américains étaient-ils dérangés par l'Irak?", a-t-il lancé.

M. Erdogan a également enjoint l'Union européenne (UE) d'agir contre le PKK. "Les pays de l'UE considèrent le PKK comme une organisation terroriste, ils l'ont déclaré, mais ce n'est pas suffisant. Nous attendons que des mesures soient prises", a-t-il déclaré.

Le diplomate en chef de l'UE Javier Solana a appelé jeudi la Turquie à la retenue, en soulignant que l'intégrité territoriale de l'Irak était "fondamentale".

A Ankara, le président turc Abdullah Gül a aussi tenu des propos très fermes. "Notre patience est à bout et nous ne tolérerons pas que le sol irakien soit utilisé pour des activités terroristes", a-t-il averti lors d'une réunion des pays voisins de la mer Noire.

Un haut responsable américain présent à cette rencontre a assuré que Washington s'efforçait d'obtenir la libération de huit soldats turcs capturés dimanche par le PKK au cours d'une attaque qui a fait 12 morts dans les rangs de l'armée turque.

"Nous faisons ce que nous pouvons, avec les gouvernements turc et irakien, pour que les otages soient libérés", a déclaré Matthew Bryza, secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires européennes et d'Eurasie.

Réagissant aux déclarations de M. Bryza, le PKK a affirmé dans un communiqué que les huit soldats prisonniers se trouvaient dans une zone contrôlée par la guérilla sur le territoire turc.

"Pour cette raison, pour assurer la sécurité des soldats, il ne peut être donné suite en ce moment aux demandes d'entrevue et autres" requêtes, a affirmé le PKK.

L'attaque de dimanche, qui a aussi fait 34 morts parmi les rebelles, a considérablement augmenté la pression en Turquie en faveur d'une intervention militaire d'Ankara contre le PKK, autorisée la semaine dernière par le Parlement turc.

L'état-major turc a annoncé jeudi que ses troupes avaient repoussé mardi soir une nouvelle attaque des rebelles près de la frontière irakienne et "neutralisé" --c'est-à-dire vraisemblablement tué-- plus de 30 assaillants.

C'est dans ce climat de tension qu'une délégation irakienne dirigée par le ministre de la Défense Abdel Qader Mohammed Jassim est arrivée jeudi à Ankara pour tenter d'éviter une intervention unilatérale turque dans le Kurdistan irakien.

Selon le ministre, l'Irak va faire des "propositions concrètes" à Ankara pour freiner les activités des rebelles kurdes basés dans le nord de l'Irak, a indiqué l'agence de presse turque Anatolie.

"Nous sommes venus avec des mesures concrètes, des propositions concrètes", a déclaré le ministre.

Mais les 11 membres de la délégation, qui comprend de hauts responsables de la sécurité, un militaire américain et des représentants de factions kurdes administrant le nord de l'Irak, devront attendre vendredi matin pour s'entretenir avec des responsables turcs, selon une source irakienne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.