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Le Kurdistan à la recherche de la manne pétrolière


Mercredi 30 novembre 2005 à 15h12

ZAKHO (Irak), 30 nov 2005 (AFP) — Les premiers forages de prospection pétrolière au Kurdistan irakien, qualifiés d'"historiques" par les responsables locaux, ont commencé cette semaine, donnant l'espoir à cette région de renforcer son autonomie économique.

Si du brut est effectivement trouvé au Kurdistan, cela pourrait également calmer les revendications des Kurdes en ce qui concerne la ville pétrolière de Kirkouk, dont ils exigent le rattachement à leurs provinces.

La compagnie pétrolière norvégienne DNO a annoncé mardi le début du forage du puits Tawke 1, qui devrait durer 60 jours pour atteindre une profondeur de 3.000 mètres dans une zone suspectée de receler trois nappes de pétrole.

Le puits est situé à l'est de la ville de Zakho (515 km au nord de Bagdad), à la frontière irako-turque. Son inauguration a eu lieu mardi, en présence de responsables du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, de Massoud Barzani).

Un responsable de la compagnie DNO, Magne Normann, a indiqué lors de cette cérémone que le brut présent dans cette région serait du "light oil", de bonne qualité.

Selon la compagnie, opérateur du bloc avec une participation de 40%, il s'agit des premiers forages mis en oeuvre sous le régime des Accords de partage de production (PSA) signés avec les autorités kurdes en juin 2004.

Les PSA sont des contrats en vertu desquels des compagnies étrangères sont appelées à financer les investissements permettant le forage et l'exploitation des ressources pétrolières d'une zone, moyennant une part de la production future de cette zone.

Un responsable de la compagnie pétrolière du Kurdistan, Sarbar Horami, a noté l'"importance de ce projet, pour le développement de l'économie du Kurdistan".

Il a fait état d'autres projets dans le domaine pétrolier, "notamment des contacts avec des compagnies turques".

Selon lui, une compagnie mixte américaine et turque doit commencer bientôt un nouveau forage, et un contrat similaire a été signé avec une compagnie mixte britannique et portugaise.

De son côté, Nigirvan Barzani, un haut responsable du PDK et neveu de Massoud Barzani, a parlé de projet "historique". "Pour la première fois, nous cherchons du pétrole au Kurdistan", a-t-il dit lors de la cérémonie officielle.

"Ce projet va participer à la croissance économique du Kurdistan et à sa reconstruction", a-t-il affirmé.

"L'heure où le peuple kurde n'est plus opprimé et où il profite des richesses est enfin arrivée", a estimé M. Barzani, en référence aux exactions menées par le régime de Saddam Hussein contre les kurdes.

"Nous savons tous que les revenus pétroliers servaient à l'achat d'armes et de gaz, qui étaient utilisés contre les villes et villages irakiens et nous ne permettrons plus cela", a lancé le responsable kurde.

Le régime baassiste est notamment responsable du gazage de 5.000 kurdes en 1988, à Halabja.

M. Barzani a remercié par ailleurs la Turquie qui a facilité le passage du matériel de la compagnie norvégienne sur son territoire, en direction du Kurdistan.

Le Kurdistan, quasi autonome depuis 1991, revendique le rattachement de Kirkouk. Cette ville pétrolière, qui compte parmi ses habitants des kurdes, des arabes et des turcomans, a été fortement arabisée sous Saddam Hussein.

Mais depuis la chute du régime en 2003, ses installations pétrolières sont la cible d'attaques régulières, ce qui perturbe l'exportation du pétrole vers la Turquie, au nord, et même son acheminement vers les raffineries irakiennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.