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Le gouvernement turc veut faire cesser les grèves de la faim de détenus kurdes (ministre)


Mercredi 24 octobre 2012 à 17h25

ANKARA, 24 oct 2012 (AFP) — Le ministre turc de la Justice a lancé mercredi un appel pressant aux centaines de détenus kurdes en grève de la faim, leur demandant de renoncer à leur action, mais s'abstenant de répondre à leurs revendications.

"Pour le bien de votre corps, de votre santé, de vos familles qui pensent à vous: renoncez à cette action", a déclaré Sadullah Ergin devant la presse au terme d'une visite dans la prison de Sincan, située dans la banlieue d'Ankara, où il a notamment rencontré pour la première fois des grévistes.

Selon le ministre, il y a actuellement environ 680 détenus, incarcérés pour appartenance ou collusion avec les rebelles kurdes armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui sont en grève de la faim depuis la mi-septembre dans plus de 50 prisons de Turquie.

Le ministre a déclaré que le gouvernement islamo-conservateur turc "oeuvre pour faire en sorte que ce genre d'actions ne soit plus nécessaire en Turquie", sans dire si Ankara projette de répondre aux revendications des grévistes.

"Des initiatives (judiciaires) sont en cours", s'est contenté d'affirmer le ministre, soulignant que les demandes des détenus relevaient de questions politiques et non de conditions carcérales qui ont été améliorées dans l'ensemble ces dix dernières années.

La grève lancée le 12 septembre dernier par plusieurs dizaines de prisonniers du PKK s'est étendue à travers la Turquie.

Selon les organisations pro-kurdes, létat de santé des prisonniers, qui se nourrissent seulement d'eau sucrée et salée ainsi que de vitamines, se détériore.

Ils réclament la libération du dirigeant du PKK, Abdullah Ocalan, emprisonné dans le nord-ouest de la Turquie depuis 1999 et qui est soumis à des restrictions. Ils demandent aussi la suppression complète des restrictions de lusage de la langue kurde et protestent enfin contre leur incarcération.

"Leur voix a été entendue. L'objectif a été atteint", a estimé M. Ergin.

Parmi les grévistes se trouvent plusieurs dirigeants du BDP (Parti pour la paix et la démocratie), principal parti kurde. Plus de 30 maires, six députés et 56 membres du conseil du BDP sont actuellement en prison.

La justice turque a lancé l'an dernier une offensive judiciaire contre les ramifications politiques du PKK, incarcérant des centaines de personnes, dont des journalistes et des personnalités politiques.

Par ailleurs, la police turque a fait usage de gaz lacrymogène mercredi à Istanbul pour disperser environ 300 manifestants soutenant la cause des grévistes de la faim dans le quartier de Bakirköy, en face d'un établissement pénitentiaire pour femmes, ont rapporté les chaînes de télévision

Depuis 1980, au moins 144 prisonniers sont morts en Turquie dans des grèves de la faim entamées généralement pour dénoncer les mauvaises conditions carcérales, a rappelé lassociation turque des droits de lHomme (IHD) dans un communiqué.

Une intervention musclée des autorités et le placement des détenus dans des cellules aggraveraient la situation, a averti lassociation, appelant le gouvernement à dialoguer avec les grévistes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.