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La Turquie peut exercer son droit de poursuite à chaud contre le PKK en Syrie (Erdogan)


Jeudi 26 juillet 2012 à 15h59

ISTANBUL, 26 juil 2012 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le régime de Damas d'avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie au PKK et a prévenu que la Turquie pourrait exercer son droit de poursuite à chaud en Syrie contre ces rebelles kurdes de Turquie.

Il a également indiqué jeudi que la constitution d'une zone tampon en territoire syrien était une des alternatives possibles pour lutter contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Syrie.

"En ce moment, le régime d'Assad est regroupé à Damas, il est coincé là bas, et aussi en partie dans la région de Lattaquié (nord-ouest). Dans le nord, il a confié cinq provinces aux Kurdes, à l'organisation terroriste", a déclaré mercredi soir M. Erdogan lors d'un programme télévisé sur la chaîne Kanal 24.

"Ces derniers essaient maintenant de créer une situation conforme à leurs intérêts en affichant des portraits du chef de l'organisation terroriste séparatiste", a-t-il poursuivi, faisant référence au PKK, en lutte contre Ankara depuis 1984 dans un conflit qui a fait plus de 45.000 morts.

Interrogé sur la possibilité pour la Turquie d'utiliser son droit de poursuite à chaud contre les rebelles par-delà la frontière syrienne après une action de ceux-ci en territoire turc, M. Erdogan a répondu: "Ca ne se discute même pas, c'est une évidence. C'est la mission, ce qu'il faut faire."

"Du reste, cela fait partie des changements de nos règles d'engagement" de l'armée turque face à la Syrie, a-t-il ajouté. La Turquie a annoncé avoir modifié ces règles après la chute le 22 juin d'un de ses avions de combat abattu par la défense antiaérienne syrienne au large de la Syrie.

"C'est d'ailleurs ce que nous avons fait et continuons de faire en Irak. Si nous lançons de temps à autres des frappes aériennes contre les zones des terroristes, c'est qu'il s'agit de mesures prises par nécessité de défense", a-t-il précisé.

M. Erdogan a souligné qu'Ankara considérait l'installation par Damas du PKK, ou de sa branche syrienne, le Parti de l'union démocratique (PYD), près de la frontière turque comme un geste "dirigé contre" la Turquie.

"Il y aura forcément une réponse de notre part à cette attitude", a-t-il souligné.

Interrogé jeudi lors d'une conférence de presse avant de se rendre à Londres pour les Jeux Olympiques sur l'éventualité de la création d'une zone tampon en territoire syrien pour contrer le PKK, le Premier ministre a indiqué que cette option faisait partie des possibilités.

"Cela fait partie des alternatives. Une zone de sécurité, une zone tampon, tout cela fait partie des alternatives que nous avons face à ces camps (du PKK)", a-t-il déclaré.

M. Erdogan a annoncé que le chef de la diplomatie turque se rendrait à Erbil (nord de l'Irak) d'ici mercredi prochain pour "partager la sensibilité, la détermination (d'Ankara) sur cette question" avec l'administration autonome kurde irakienne.

Lundi, Abdel Basset Sayda, le chef du Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l'opposition syrienne), avait affirmé que "le régime syrien a confié cette région (au nord de la Syrie) au PKK ou au PYD et s'est retiré".

Selon des activistes kurdes syriens, les troupes fidèles au président Assad se sont retirées la semaine dernière de la région de Kobani, au nord-est d'Alep, alors que le régime subissait des coups durs à Damas et Alep, deuxième ville de Syrie.

Quelques jours plus tard, les troupes du régime ont évacué des localités de la région d'Ifrin, au nord d'Alep, ainsi que dans la province de Hassaké (est).

Des combattants du PYD se sont déployés dans les régions de Kobani et Ifrin, selon des militants kurdes syriens anti-régime. La plupart de ces combattants étaient venus dans les zones kurdes depuis le nord de l'Irak au début du soulèvement contre le régime syrien.

Les Kurdes représentent près de 9% des 23 millions de Syriens et se plaignent depuis des décennies d'être discriminés sous le régime Assad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.