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Formation d'une alliance entre sunnites et chiites pour l'unité de l'Irak


Dimanche 13 janvier 2008 à 16h45

BAGDAD, 13 jan 2008 (AFP) — Des partis politiques irakiens, sunnites et chiites, avec une forte représentation au Parlement, ont annoncé dimanche une plateforme commune prônant l'unité du pays et le contrôle centralisé du pétrole.

Ces formations, si elles décident de former un bloc parlementaire, seront une force dominante avec plus de 100 députés, et le Premier ministre Nouri al Maliki, dont la majorité s'est effritée, devra compter avec cette nouvelle alliance.

Parmi les signataires de cette plateforme figurent les députés du jeune chef radical chiite Moqtada Sadr, le parti laïc de la Liste nationale irakienne de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, et le Front national du Dialogue emmené par le sunnite Salah al-Motlak.

Dans un communiqué, les signataires assurent vouloir défendre "l'intérêt national, maintenir l'unité de l'Irak, et éviter les divisions sectaires et ethniques". Ils critiquent "les alliances étriquées, forgées pour diviser et monopoliser le pouvoir".

Ils assurent qu'ils veulent "répartir les richesses de façon équitable, et recouvrer la souveraineté et l'indépendance".

"Le pétrole, le gaz, et les ressources naturelles sont les richesses essentielles de l'Irak et elles doivent être sous le contrôle du gouvernement central, et gérées en coopération avec les régions".

"Nous nous inquiétons de toute initiative séparée dans ce domaine, comme la signature de contrats avec des compagnies étrangères", ajoutent les signataires en référence à 15 contrats pétroliers signés par le gouvernement autonome du Kurdistan irakien depuis août et dénoncés par les autorités de Bagdad.

En outre, assurent-ils, "la situation à Kirkouk est très compliquée et nous voulons que les intérêts de chaque communauté soient respectés. Un accord politique national sur cette affaire fera de Kirkouk un exemple d'unité nationale".

La région pétrolière de Kirkouk (environ 250 km au nord de Bagdad), où cohabitent Kurdes, Arabes et Turcomans, est revendiquée par la région autonome du Kurdistan. Un référendum devait se tenir, selon l'article 140 de la Constitution irakienne, avant fin 2007 sur le rattachement ou non de Kirkouk au Kurdistan irakien, mais il a été reporté de six mois à l'initiative de l'ONU.

Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, a dénoncé une "attaque contre l'article 140" qui, selon lui, "ne réussira pas". "Ces gens (qui s'opposent à l'article 140) sont les mêmes qui s'étaient opposés à la Constitution irakienne", a-t-il dit à la presse à Erbil, capitale du Kurdistan irakien.

La plateforme souhaite enfin que soient "mobilisées les ressources nécessaires pour reconstruire les forces de sécurité, sur la base de la compétence, de façon à ce qu'elles fassent appliquer la loi et protègent la patrie, pour aboutir à la fin de l'occupation de la terre irakienne".

"Il s'agit d'un protocole d'entente pour corriger certaines opinions exprimées par le Parlement et résoudre des disputes", a pour sa part déclaré à l'AFP le député sadriste Nassar al-Roubaïe, estimant que cette plateforme pourrait à terme se transformer en coalition.

Une telle coalition viendrait concurrencer l'alliance soutenant le Premier ministre Maliki, formée en août et qui compte environ 110 députés.

Cette alliance comprend l'aile du parti Dawa emmenée par M. Maliki, le Conseil suprême islamique d'Irak --une des factions chiites les plus puissantes--, l'Union patriotique du Kurdistan du président Jalal Talabani, et le Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.